Le 14 décembre, la Maison universitaire France-Japon (MUFJ) et la Société japonaise pour la promotion de la science (JSPS), dont l’unique bureau français est implanté à Strasbourg, célèbrent leurs 20 ans d’existence et de collaboration. Michèle Forté, directrice de la MUFJ, et Caroline Blatz, assistante, reviennent sur deux décennies de temps forts.
Des conférences diversifiées
Co-organisées deux fois par mois par la MUFJ et le bureau de la JSPS, ces conférences ont été quelque peu ralenties par la crise de la Covid. Mais elles ont repris de plus belle avec la rentrée, semblant même trouver un nouveau souffle. « De plus en plus d’étudiants y assistent, notamment dans le cadre d’unités d’enseignement libres », souligne Caroline Blatz. La diversification récente des sujets n’y est sans doute pas étrangère : récemment, celles qui ont rassemblé le plus du monde avaient pour thèmes les mangas (proposée par Jean-Paul Meyer, doyen de la Faculté des lettres) et le kendo (par Malek Belhadj, doctorante en études japonaises et maître kendo). Cette dernière a même été doublée ! L’Unistra, où le japonais est la langue la plus étudiée après l’anglais, dispose d’un important vivier de conférenciers en son sein. Sandra Schaal, professeure au Département d’études japonaises « viendra présenter début février son ouvrage rédigé en japonais, consacré à l’histoire des ouvrières du textile du pays. Il lui a valu le prix Watsuji Tetsurô, une distinction prestigieuse au Japon, décernée seulement à deux étrangers ! » note Michèle Forté, qui a pris la direction de la MUFJ en 2019, succédant à Marie-Claire Lett. La prochaine, au mois de janvier, sera proposée par Hideaki Tsuji, musicien japonais installé à Strasbourg.
« A l’origine, ces conférences étaient pensées comme un moment de vulgarisation pour les chercheurs japonais invités dans le cadre du programme d’échange Groupe France-Japon1. Expertes, mais pensées pour un public de non-spécialistes, elles conservent cet esprit aujourd’hui, explique Michèle Forté. Beaucoup, surtout au départ, étaient consacrées à la chimie. » L’origine des riches et profonds liens académiques entre Alsace et Japon sont en effet à rechercher dans les années de présidence de Guy Ourisson à la tête de l’Université Louis-Pasteur, même si les premiers échanges ont débuté à la fin du 19e siècle sous l’ère Meiji !
Des colloques et symposiums prestigieux
« C’est véritablement dans ces événements que s’exprime au mieux notre travail en synergie, entre MUFJ et JSPS », souligne Michèle Forté. Organisés sur des thématiques pointues, la plupart du temps interdisciplinaires2, avec des invités prestigieux, par exemple Thomas Ebbesen et Sylviane Muller, début mars 2021, lors de trois journées organisées à l’occasion du 15e anniversaire des échanges entre les universités d’Osaka et de Strasbourg autour du thème De la recherche à l’innovation. « Nous avons aussi un ange gardien en la personne de Jean-Pierre Sauvage. Il nous fera l’honneur de sa présence – virtuelle – lors de la journée du 14 décembre prochain. »
La venue de chercheurs japonais à Strasbourg et inversement est en effet sérieusement mise à mal depuis le début de la crise sanitaire. « Quand un pays n’est pas fermé, c’est l’autre. Mais à défaut, nous continuons grâce au virtuel… avec les aléas que cela induit », sourit Caroline Blatz. Mais même le décalage horaire de huit heures n’entame pas la volonté d’échanger !
Un statut unique en France
Rare survivante du projet d’implanter des maisons dédiées aux échanges bilatéraux et internationaux en France, la MUFJ peut aussi se prévaloir d’être la seule structure de ce type intégrée à une université. Quant à la JSPS, qui partage ses locaux, son bureau français est à Strasbourg – il en dispose de trois autres en Europe. « Une base arrière très importante pour développer des accords académiques avec la France et les pays du sud de l’Europe. » Comme les personnels de la JSPS sont tous japonais, les liens avec le consulat s’en trouvent naturellement facilités. « Le consul général du Japon à Strasbourg est invité à chacun de nos colloques, et nous fait toujours l’honneur d’y participer, et bien entendu le 20e anniversaire de notre collaboration ne fait pas exception ! »
Des richesses insoupçonnées
Si vous poussez la porte de la Maison universitaire France-Japon, vous serez saisis par la multitude d’objets décoratifs évoquant le pays du Soleil levant. Mais vous découvrirez aussi une riche bibliothèque, avec des ouvrages français et japonais, accessibles à tous. « Chacun peut venir y emprunter, qu’il appartienne ou non à l’université et nous sommes également ouverts aux gens du quartier ! »
Elsa Collobert
1 Programme phare d’échange entre l’Université de Strasbourg et les treize universités japonaises partenaires. Conçu pour promouvoir la coopération scientifique, il contribue à maintenir l’excellence de la recherche universitaire, en permettant d’échanger chaque année un ou deux enseignants ou enseignants-chercheurs par année et par université partenaire. L’aspect logistique de ces échanges est pris en charge par la MUFJ.
2 Les symposiums bénéficient généralement de fonds Idex pour leur organisation